Olé est un roman policier édité en 2014. Il s’agit d’une enquête policière du Commandant Déborah Pringeon et de son fidèle bras droit, le lieutenant Doria. Un extrait est disponible sur cette page. Un second opus de la série existe depuis 2017, sous le titre d’Alerte rouge, et cherche actuellement un éditeur.
> Pour acheter le livre contactez-moi
Quatrième de couverture
Nîmes, féria. Dans les rues de la ville la fête bat son plein. Mais une série de meurtres violents vient troubler les festivités. Plusieurs toréadors sont retrouvés morts dans des circonstances plus qu’étranges. Tout laisse penser à des mises en scènes macabres de corrida. Le commandant Déborah Pringeon, fraichement débarquée de Paris, mène l’enquête avec l’aide de son fidèle bras droit, le lieutenant Mathias Doria. Une enquête à vive allure entre corrida et militants pour la cause animale.
- Pour acheter le livre contactez-moi
- Olé sur le site des éditions Envolume
- Hugues Bernard, écrivain sur Facebook
- On en parle dans la presse
Lire un extrait
Prologue – Vendredi – 22:31
Juan tente de crier mais son agresseur lui met une serviette dans la bouche. Elle a un goût de lessive. Il l’a trouvée dans un tiroir de la cuisine. Dans la bagarre, il a tout renversé sur le carrelage blanc immaculé. Maintenant il prend le temps de bien l’enfoncer, jusqu’à la glotte. Juan vomit une bile qui lui reste dans la gorge.
– Tu vas fermer ta gueule. De toute manière avec le bruit qu’il y a dehors tu peux crier autant que tu veux…
À l’extérieur la musique hurle une chanson aux accents espagnols. La foule scande des Olé à chaque coup de trompette. Dans les rues c’est la Féria. Dehors, c’est la fête. La vie. Juan panique. Ce type est entré chez lui par surprise, l’a assommé, maîtrisé sans qu’il puisse se défendre. Il se met à pleurer. Ses sanglots s’étouffent dans la serviette. Des spasmes d’angoisse secouent tout son corps.
Puis, soudain, son esprit s’échappe.
Avait-il bien fermé la porte derrière lui ? Était-ce une agression au hasard ? Il a trop bu et c’est pour cela qu’il a préféré rentrer se coucher. Car demain c’est son grand retour dans les arènes. Demain, il doit être en forme pour combattre un taureau.
Juan a du mal à respirer. Un goût de sang lui monte à la bouche. Sa situation est critique, clairement. Les mains et les pieds attachés dans le dos, il est couché sur le ventre dans une position insupportable. Un constat alarmant. Pourtant, à ce moment précis, il se demande encore s’il sera en état de combattre demain. Car il attend ce moment depuis si longtemps. Il constate avec plaisir que son épaule ne le fait pas souffrir.
Cette épaule déchirée par un taureau lors de sa dernière corrida, il y aura bientôt un an. Une blessure qui a bien failli lui coûter son bras et sa carrière! Sept mois de rééducation pour revenir. Sept mois de souffrance, de lutte et de découragement pour avoir le privilège de retrouver le sable des arènes. Il est fier de ce combat gagné contre son corps.
Un coup de pied au flanc le ramène à la réalité. L’ombre de son agresseur le surplombe.
– T’es encore là, Juan? Je ne t’ai même pas shooté et t’es complètement à la masse, mon pauvre ! Au moins tu as arrêté de pleurer. On va pouvoir passer aux choses sérieuses. De toute manière il n’y aura pas de combat pour toi. Tu n’étais pas au planning de ce soir, mais j’ai pas pu résister en te croisant… un signe du destin!
Juan ne comprend rien. Il cherche une solution pour sauver sa peau. L’ombre se déplace derrière lui, fouille dans un sac. Juan veut parler, mais ne lâche qu’un gargouillis de sang et de bile aussitôt aspiré par la serviette. Il pose alors sa tête sur le sol. Et attend que l’ombre passe dans son champ de vision. Pas longtemps. Puis il l’entend crier, avant de comprendre ce qui arrive.
– Olé!
Une douleur infâme lui transperce le dos. Un choc brutal. Une précision chirurgicale. Il roule sur le côté et, l’espace d’un éclair, voit l’ombre qui rit. Une banderille à la main. Tout est clair! Des larmes coulent le long de ses joues. Mais cette fois ce sont des larmes d’abandon. Il sait désormais qu’il ne combattra pas demain. Il n’y aura pas de demain.
Il voudrait hurler, mais à quoi bon? Puisque tout reste dans la serviette. Peu à peu, d’ailleurs, elle l’empêche de respirer ; et comme son nez se bouche lui aussi… Pleurer n’arrange rien. S’il ne meurt pas sous les coups il mourra donc étouffé.
Des mains le saisissent et le remettent sur le ventre. Une petite mare de sang se forme sur le carrelage blanc de cette cuisine, qui n’est même pas la sienne. Il attend la deuxième banderille… la voilà… Le choc est moins violent, son corps est comme anesthésié.
Juan abandonne. Il n’y a pas de lutte. Il pense à sa vie, à sa famille, ses amis. À ce combat qui n’aura jamais lieu. À sa carrière qui ne connaîtra pas de nouveau départ. Deviendra-t-il une légende? Il ne remarque même pas que l’ombre essaie de le ramener à la réalité pour le tuer en toute conscience. Juan a les yeux ouverts, il vit encore mais il n’est plus là.
Lorsque la puntilla lui sectionne la moelle épinière, Juan meurt sans s’en rendre compte.